Henri Cadet-à-la-Perle de LORRAINE-HARCOURT-ARMAGNAC, 16011666 (âgé de 65 ans)

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Nom
Henri "Cadet-à-la-Perle" /de LORRAINE-HARCOURT-ARMAGNAC/
Prénom(s)
Henri
Surnom
Cadet-à-la-Perle
Préfixe du nom de famille
de
Nom de famille
LORRAINE-HARCOURT-ARMAGNAC
Note : BRANCHE des Comtes d’ARMAGNAC & de BRIONNE, issue des Ducs d’ELBEUF.
Naissance
Profession
Gentilhomme et militaire français du XVIIe siècle
Profession
gouverneur de l’Anjou
Décès du père
Roi de France
Louis XIII le Juste
14 mai 1610
Mariage d’un frère
Mariage
Naissance d’un fils
Profession
grand-écuyer de France
1643
Naissance d’un fils
Roi de France
Louis XIV le Grand
14 mai 1643
Naissance d’un fils
Profession
vice-roi de Catalogne
1645
Naissance d’un fils
Décès de la mère
Famine
Famine dans l’est de la France
de 1650 à 1652
Décès d’un frère
Mariage d’un fils
Fait
"reconnu prince du sang de France, comme tous les membres de sa famille, par le traité de Montmartre"
16 février 1662
Décès
Adresse : Abbaye de Royaumont
Note : "Henri d’Harcourt mourut subitement dans l’abbaye de Royaumont, le 25 juillet 1666, âgé de 66 ans, près de son fils, Alphonse de Lorraine, alors abbé commendataire de cette abbaye, à qui on dut, pendant le cours de son ministère, la reconstruction du portail de l’église, qui était décoré des chiffres de saint Louis, de fleurs de lis et de croix de Lorraine."

"Henri d’Harcourt mourut subitement dans l’abbaye de Royaumont, le 25 juillet 1666, âgé de 66 ans, près de son fils, Alphonse de Lorraine, alors abbé commendataire de cette abbaye, à qui on dut, pendant le cours de son ministère, la reconstruction du portail de l’église, qui était décoré des chiffres de saint Louis, de fleurs de lis et de croix de Lorraine."
[Mémoires de la Société d'Archéologie de Lorraine, 1863]

Sépulture
Adresse : Abbaye de Royaumont
Titre
Comte d'Harcourt
Famille avec les parents
père
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15561605
Naissance : 18 octobre 1556 20 25 Joinville (52)
Profession : Marquis d'Elbeufde 1566 à 1582
Décès : 4 août 1605Moulins (03)
mère
Mariage Mariage5 février 1583
14 ans
grand frère
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15961657
Naissance : 5 novembre 1596 40 31
Profession : duc d'Elbeufde 1605 à 1657
Décès : 5 novembre 1657Paris
4 ans
lui
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16011666
Naissance : 20 mars 1601 44 36 Pagny-le-Château (21)
Profession : Gentilhomme et militaire français du XVIIe siècle
Décès : 25 juillet 1666Asnières-sur-Oise (95)
Famille avec Marguerite-Philippe du CAMBOUT
lui
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16011666
Naissance : 20 mars 1601 44 36 Pagny-le-Château (21)
Profession : Gentilhomme et militaire français du XVIIe siècle
Décès : 25 juillet 1666Asnières-sur-Oise (95)
épouse
Mariage Mariagefévrier 1639
3 ans
fils
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16411718
Naissance : 7 décembre 1641 40 17 Paris
Profession : Grand Écuyer de France, Chevalier des Ordres du Roi, Sénéchal de Bourgogne & Gouverneur d'Anjou
Décès : 13 juin 1718
2 ans
fils
16431702
Naissance : 1643 41 19
Décès : 7 décembre 1702
2 ans
fils
16441689
Naissance : 1644 42 20
Profession : abbé commendataire1666Asnières-sur-Oise (95)
Décès : 8 juin 1689
4 ans
fils
Objet média
06_Noblesse/01_Portraits/HENRI de LORRAINE-HARCOURT.jpg
06_Noblesse/01_Portraits/HENRI de LORRAINE-HARCOURT.jpg
Nom

BRANCHE des Comtes d’ARMAGNAC & de BRIONNE, issue des Ducs d’ELBEUF.

Décès

"Henri d’Harcourt mourut subitement dans l’abbaye de Royaumont, le 25 juillet 1666, âgé de 66 ans, près de son fils, Alphonse de Lorraine, alors abbé commendataire de cette abbaye, à qui on dut, pendant le cours de son ministère, la reconstruction du portail de l’église, qui était décoré des chiffres de saint Louis, de fleurs de lis et de croix de Lorraine."
[Mémoires de la Société d'Archéologie de Lorraine, 1863]

Henri Cadet-à-la-Perle de LORRAINE-HARCOURT-ARMAGNAC a 0 cousin germain connu

Famille paternelle (0)

Famille maternelle (0)


HARCOURT (Henri de Lorraine comte d’), grand-écuyer de France en 1643, vice-roi de Catalogne en 1645, gouverneur de l’Anjou, etc., fils de Charles de Lorraine, duc d’Elbeuf ; il eut toute la valeur des Guises, et eut un plus heureux génie : la fortune en lui fut compagne de la vertu. Harcourt fit des prodiges de valeur et se montra un des premiers capitans du siècle à la bataille de Prague en 1620, aux sièges de St. Jean-d ’Angely, de Montauban et de La Rochelle ; commanda en 1638 l’armée navale contre les Espagnols ; mis en fuite l’armée de cette puissance en 1639 ; pris Coni ; assiégea Turin, qu’il contraignit de capituler ; et hors le siège de Lérida, où encore il fit faire une belle retraite à toute l’armée, la victoire le suivit partout. Il est mort en 1666, âgé de 66 ans.

[BIOGRAPHIE HISTORIQUE ET GÉNÉALOGIQUE DES HOMMES MARQUANTS DE L’ANCIENNE PROVINCE DE LORRAINE, 1829. P. MICHEL, Juge de paix du canton de Vézelise]


TOMBEAU

DE

HENRI DE LORRAINE, COMTE D’HARCOURT,

A ASNIÈRES-SUR-OISE (SEINE-ET-OISE),

PAR M. MOREY.

Henri de Lorraine, comte d’Harcourt, reconnu prince du sang de France, comme tous les membres de sa famille, par le traité de Montmartre du 16 février 1662, eut l’honneur d’être inhumé dans une des chapelles du chœur de l’église de la riche abbaye de Royaumont fondée par saint Louis, et destinée spécialement à la sépulture des rois de France.

La bravoure et les brillants faits d’armes de Henri d’Harcourt en firent un des plus grands et des plus heureux capitaines de son siècle ; ce fut surtout pendant le siège de Turin qu’il montra la fermeté de sa résolution et qu’il déploya l’énergie de son courage : « Quand mes chevaux, répondait-il à ceux qui lui parlaient de trêve, auront mangé toute l’herbe qui croit autour de Turin et mes soldats tous les chevaux, je lèverai le siège ». Mais un des succès les plus éclatants du comte d’Harcourt, surnommé Cadet-à-la-Perle, parce qu’il était cadet de la maison de Lorraine-Elbœuf et qu’il portait une perle à l’oreille, fut celui qu’il obtint dans la journée de Quers. Il n’avait que huit mille hommes, et battit vingt mille Espagnols. Liganez, qui les commandait, demanda un échange de prisonniers, et lui fit dire que, s’il était roi de France, il lui ferait couper la tête pour avoir hasardé une bataille contre une armée plus forte que la sienne. « Si j’étais roi d’Espagne, répondit le comte d’Harcourt, le marquis de Liganez perdrait la tête pour avoir cédé la victoire à une armée plus faible que la sienne ».

Henri d’Harcourt[1] mourut subitement dans l’abbaye de Royaumont, le 25 juillet 1666, âgé de 66 ans, près de son fils, Alphonse de Lorraine, alors abbé commendataire de cette abbaye, à qui on dut, pendant le cours de son ministère, la reconstruction du portail de l’église, qui était décoré des chiffres de saint Louis, de fleurs de lis et de croix de Lorraine.

Le tombeau de Henri d’Harcourt était originairement placé dans une chapelle, près du bel escalier qui communiquait du dortoir à l’église ; c’est son fils Louis de Lorraine, comte d’Armagnac, qui lui fit élever ce superbe mausolée, ainsi que nous le fait connaître l’inscription, gravée sur une plaque de cuivre, tenant à un cercueil en plomb trouvé par M. Vander Mersch, ancien propriétaire de l’abbaye :

« Cy est le corps de très haut, très puissant et très illustre Prince, Monseigneur Louis de Lorraine, Comte d’Armagnac, Chevalier des ordres du Roy, Pair et Grand Ecuyer de France, né le 7 décembre 1641 et décédé le 13 juin 1718. A désiré être inhumé près de Monseigneur Comte d’Harcourt son père, à l’honneur duquel il a fait faire le mausolée qui est dans cette chapelle. »

On sait que le cercueil, ainsi que deux autres, contenant les restes de Henri d’Harcourt et de François-Armand de Lorraine, ont été sur la demande de M. Lenglé ancien préfet de la Meurthe, et de M. l’ambassadeur d’Autriche, transférés, en 1856, de l’abbaye de Royaumont dans les caveaux de la Chapelle ducale de Nancy.

La démolition de la belle église de Royaumont, bâtie en 1228, ayant été décrétée lors de la Révolution, on relégua, en 1790, le mausolée du comte Henri d’Harcourt dans l’église de la commune d’Asnières-sur- Oise peu distante de l’abbaye.

Le célèbre sculpteur Coysevox, chancelier, recteur et directeur de l’Académie de France, né à Lyon en 1640, est l’auteur de ce magnifique mausolée. Il le termina, comme nous l’apprend la date gravée à côté de son nom sur le socle, en l’année 1711[2].

Ce mausolée se compose d’un riche piédestal en marbre rouge, orné de grosses consoles en marbre blanc, surmonté d’un sarcophage en marbre portor, porté par des griffes de lion avec tête d’aigle et des trophées en plomb doré. Au-dessus du sarcophage est un groupe représentant Henri d’Harcourt expirant dans les bras de la Victoire.

Sur la draperie qui couvre une partie de la face du sarcophage, on lit l’inscription suivante :

Celsissimo Principi Henrico a Lotharingia, Harcurii comiti, summo regii Stabuli prœfecto, Ludovicus filius, titulorum hœres, laudum œmulus, posuit.

Dans le piédestal était un bas-relief, représentant la prise de Turin, ainsi que l’inscription suivante, gravée sur une table de marbre noir :

Hic vir, Hic est

qui maximos inter œvi sui bellatores, fide, fortitudine prœcellens, Lerinensibus insulis, totoque mari Gallico, Hispanos exterminavit ; eosdem Casale circuimvallentes castris exuit et fudit ; Taurinum, obsessor idem et obsessus[3], cœteris ter fusis, factiosis ejectis, legitimo principi réstituit ; Guerium in Pedemontio, Lamentium in Catalaunia, victoriis insignivit ; Nermanniam in officio, Flandriam in metu continuit, in Aquitania denique majestatem rogiam strenue ultus ; obiit in hoc secessu, palmis et annis gravis, œtatis LXVI ann., Domini M. D. LXVI.

Millin nous dit, dans son Recueil des antiquités nationales de France, que « le tout était appuyé sur une grande draperie de marbre blanc et des aigles de même matière, ayant une couronne d’or ». Il y a erreur quant à la matière : cette draperie et ses accessoires étaient en stuc : des fragments qui restent le prouvent, et on doit au temps et au vandalisme sa destruction, ainsi que celle du couronnement, qui se composait de l’écusson des armes pleines de Lorraine, flanqué d’épées nues et d’aigles couronnés aux ailes éployées. Heureusement les figures de Henri d’Harcourt et de la Victoire, un peu plus grandes que nature, n’ont subi aucune détérioration, et il semble, à leur conservation, qu’elles sortent des mains de l’artiste ; la statue de la Victoire est d’une noblesse, d’une beauté et d’un fini remarquables ; la figure du comte, ses bras, ses pieds et ses mains, ont toute la finesse, le modelé, la puissance, la beauté qu’on remarque dans les œuvres de Coysevox, Les vêtements du prince, à l’instar de ceux des empereurs romains, sont brodés d’emblèmes de la plus grande finesse d’exécution ; sur sa cuirasse sont sculptés des griffons, et plus bas, une riche broderie avec palmettes, épis de blé et rinceaux. Les extrémités des courroies de sa ceinture sont ornées de croix de Lorraine et de fleurs. Un grand manteau noué sur les épaules recouvre toute la partie inférieure du corps et complète cette figure, admirable de pensée et d’exécution[4].

 

La figure ailée et drapée de la Victoire ne tient plus dans la main gauche la couronne de laurier indiquée par Millin. Ce groupe de figures et une partie des accessoires sont faits de deux blocs de marbre seulement. Le joint est tellement bien placé qu’on ne peut s’en apercevoir que de près. La face postérieure des figures devant être adossée à un mur, n’a jamais été qu’ébauchée.

Les trophées en marbre blanc, placés sur le côté, se composent de drapeaux, avec aigle à double tête, carquois et boucliers ; ceux du dessous du sarcophage, qui sont en plomb doré, d’un casque flanqué, à droite et à gauche, de boucliers sur l’un desquels est un lion ; enfin, d’une hache d’armes et d’un bélier. Le piédestal est malheureusement dépouillé aujourd’hui de tous ses ornements de métal, de son bas-relief et de son inscription.

L’église d’Asnières-sur-Oise, qui renferme aujourd’hui ce mausolée, menace ruine ; l’entrée en a été déjà, à plusieurs reprises, interdite aux fidèles ; cet état est d’autant plus à déplorer que, si l’on n’y avise au plus tôt, ce sera la cause de l’anéantissement de ce mausolée, qui serait immanquablement pulvérisé par la chute du comble et de la voûte en pierre qui le couvrent. D’ailleurs un objet si précieux sous le rapport de l’art et de l’histoire ne saurait rester dans une commune obscure, surtout depuis que les cendres du comte d’Harcourt ont été transportées à Nancy, car l’un ne peut être séparé de l’autre, M. le comte de Warren, trésorier de la fondation de la Chapelle ducale de Nancy, fit tout récemment, avec le zèle qu’on lui connait pour tout ce qui peut intéresser la Lorraine, les démarches nécessaires, et obtint de l’empereur d’Autriche la donation de ce monument pour la nouvelle église Saint-Epvre. On pouvait donc espérer voir avant peu le chef-d’œuvre de Coysevox dans l’ancienne capitale de la Lorraine. Déjà les statues étaient déplacées et prêtes à être enlevées, lorsqu’un ordre du Ministre de l’intérieur imposa l’obligation de remettre le tout en place. Espérons que ce contre-temps fâcheux ne sera qu’un léger retard et que nous possèderons bientôt ce superbe mausolée. Quoi qu’il en soit, nous ne saurions trop le répéter, l’état menaçant de l’église exige qu’une décision soit prise immédiatement.

Il était juste que la mémoire du comte d’Harcourt, de cet intrépide capitaine aussi bon pour ses soldats que terrible pour ses ennemis, fût conservée dans la capitale de la France par un monument riche et durable qui rappelât ses hauts faits ; aussi lui éleva-t-on, dans l’église des Feuillans, un superbe cénotaphe, placé aujourd’hui dans l’église Saint-Roch, dont Millin, à part le dessin qu’il en donne dans ses œuvres, nous a laissé la description suivante[5] :

« Une pyramide de marbre bleu turquin s’élève au-dessus d’un tombeau de marbre noir porté sur un piédestal fort exhaussé, sur le devant duquel est un bas-relief doré d’or moulu. On y voit la Victoire qui présente Henri de Lorraine à la religion, sans doute après ses succès guerriers contre les non-catholiques.

Ce piédestal est accompagné de guirlandes, également dorées d’or moulu ; sur le tombeau est la figure du Temps assis sur des couronnes ; il tient un livre ouvert ; sur une des pages on lit les paroles du troisième chapitre du Livre de la Sagesse : Spes illorum immortalitate plena est ; et celles-ci, du quarante-unième chapitre de l’Ecclésiastique : Bonum autem nomen permanebit in œvum.

L’Immortalité, les ailes étendues, foule aux pieds le Temps, et, fière du triomphe qu’elle obtient sur lui, elle emporte dans l’empyrée le médaillon de Charles d’Harcourt. De l’autre main elle tient l’épée de ce général ; au bas est le médaillon d’Alphonse de Lorraine[6], soutenu par un génie ; l’obélisque est surmonté d’un globe, sur lequel est un grand aigle, aussi doré, ayant les ailes étendues. Il tient dans ses serres une bandelette ».

Sur le piédestal de ce monument on lit cette épitaphe :

D. O. M.

Et œternœ memoriœ serenissimorum principum Henrici a Lotharingia, comitis Harcuriani, Franciœ paris et summi armigeri ; et Alphonsi Ludovici, hujus filii, et Melitensium triremium prœtoris, Nancœi primatis. Ob vindicatam a patre regni gloriam, represso ad insulas Lerinenses Hispaniœ facto, liberato Casali, Taurino expugnato, fusis terra marique hostibus, et assertam à filio religionem victa apud Rhodum Turcarum classe, fractis ad Cycladas navibus Byzantinis, fugitis Algeriœ Bizertœque prœdonibus. Hic gentilitiœ in Deum pietatis, in hostes fortitudinis, in singulos humanitatis hœres clarissimus paternœ memoriœ, monumentum hoc vivens poni mandaverat ; sed precipiti morte prœventus, prœstantissimo parenti non indignus accessit honoris socius, qui dignissimus extiterat virtutum œmulus. Obiit pater anno M. DC. LXVI, 13 Kalendas Augusti, œtatis LXVI, filium vero anno M. DC. LXXXIX, 6 idus jun., œtatis XLIV.

Ce cénotaphe, un des plus beaux et des plus riches qu’on ait élevés à cette époque, était de Nicolas Renard, sculpteur lorrain, né à Nancy, baptisé en la paroisse Saint-Sébastien, vers l’an 1654.

Au bas de la gravure de ce monument, publiée de son temps, on lit : Tombeau de S. A. Mgr Henry de Lorraine, grand écuyer de France et de Mgr le chevalier d’Harcourt, érigé par le sieur du Brignon, son intendant 1695 ; d’une part, à gauche, dans le corps du dessin : N. Renard, Lotharing invenit et fecit ; à la droite, Thomassin, Sculptor Regius.

Nicolas Renard travailla au dôme des Invalides et au chœur de Notre-Dame ; il revint, à la fin de sa carrière, se fixer en Lorraine, et mourut en 1720, âgé de 66 ans.

Il exécuta pour les bosquets de Lunéville, du château et de l’hôtel de Craon, un grand nombre de statues, pour la plupart anéanties ou dispersées de nos jours. Deux beaux groupes : Hercule terrassant l’hydre, et Minerve triomphant de la barbarie, sont encore dans les bosquets de Lunéville ; ils peuvent donner une idée des qualités solides et du talent de N. Renard. Cet artiste éminent fut enterré, nous dit Dom Calmet, chez les Pères Augustins de Nancy.

Quand on voit d’aussi splendides monuments, si riches d’art et de souvenirs on regrette l’abolition de l’usage qui permettait d’inhumer dans nos temples. Pourquoi, malgré l’art et le talent qu’on rencontre dans certaines églises modernes, est-on loin d’éprouver en les voyant le charme et l’intérêt qu’offre la moindre église ancienne ? C’est qu’à part le respect naturel que nous éprouvons pour les vieux édifices, les générations qui se sont succédé ont laissé sur chaque pierre des traces de leur passage : pas un de ces murs qui ne soit orné d’une tombe magnifique, chef-d’œuvre d’artistes célèbres ; pas une dalle sur laquelle ne soit gravée une épitaphe en l’honneur de quelque personnage marquant. Tâchons au moins de conserver ce que le temps et les révolutions ont épargné en ce genre, et formons des vœux pour que les efforts des personnes zélées et généreuses qui ont obtenu et donné le mausolée de Henri d’Harcourt soient couronnés d’un plein succès.

[1] Il avait épousé, en 1639, Marguerite de Cambout, fille de Charles, baron de Pont-Château, dont il eut : 1° Louis de Lorraine, comte d’Armagnac et de Brionne, grand écuyer de France ; 2° Philippe de Lorraine, plus connu sous le nom de Chevalier de Lorraine, abbé de Saint-Jean-des- Vignes, de Saint-Benoît-sur-Loire, etc. ; 3° Alphonse-Louis, chevalier de Malte, abbé de Royaumont et général des galères de la religion, dit le Chevalier d’Harcourt ; 4° Raymond-Bérenger, abbé de Saint-Faron de Meaux ; 5° Charles, comte de Marsan, et 6° Armande-Henriette, abbesse de Notre-Dame de Soissons.

[2] Le cardinal Furstemberg le choisit pour exécuter des ouvrages de sculpture au château de Saverne, en Alsace, où il resta quatre années.

[3] L’obsessor idem et obsessus, dont il est parlé dans cette épitaphe, forment une circonstance si particulière, qu’elle n’est peut-être arrivée qu’au siège de la ville de Turin en 1640. Les Français étaient dans la citadelle et assiégés par le prince Thomas de Savoie, qui était dans la ville. Celui-ci était assiégé il son tour par le comte d’Harcourt, qui commandait l’armée du Roi ; et ce dernier l’était par le marquis de Liganez, qui commandait les Espagnols. Malgré ces deux armées, le comte d’Harcourt se rendit maître de Turin.

[4] Voir le dessin en tête de cet article.

[5] Dom Calmet, dans sa Bibliothèque lorraine, en a donné une description d’après Piganiol de la Force.

[6] Alphonse de Lorraine naquit en 1644. Il était chevalier de Malte et abbé de Royaumont ; il posséda quelque temps la charge de général des galères de la Religion, et on le connaissait principalement sous le nom de chevalier d’Harcourt. Il servit dans les armées en plusieurs occasions importantes, principalement dans le temps qu’il était général des galères. Ensuite, la ville de Candie étant assiégée, il s’y jeta avec douze chevaliers, le 24 juin 1667, et y reçut, dans une attaque, un coup de mousquet à la tête, qui le terrassa. Il mourut à Paris d’apoplexie, le 19 mai 1684.