Arbre généalogique illustré

L’Est Républicain du vendredi 15 avril 1910.

Un « type » de nos villages qui disparait

Peu à peu, la poussée de la vie moderne fait disparaître des êtres et des choses de création ancienne. C’est ainsi que disparaissent lentement les vieux bergers de nos villages lorrains.

Celui de Frolois vient, à son tour, d’abandonner cette commune et son troupeau est dispersé. Il y avait un troupeau communal à Frolois, depuis plus de 100 ans !

Le pauvre berger Jacob ne pouvait plus vivre avec ses maigres ressources : 38 fr. par mois pour nourrir une femme, quatre enfants… et deux chiens.

Jacob a gardé le troupeau communal de Frolois pendant 52 ans. C’était un berger sage, habile et avisé.

Il connaissait les meilleures pâtures et en temps de sécheresse, nul mieux que lui ne savait ménager un petit coin de « broutailles » pour le lendemain.

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Le berger est pour nos paysans un « type » respecté et toujours un peu mystérieux. Il vit dans le calme de la nature qui lui dévoile volontiers ses secrets. Il connait les simples qui guérissent et, dans les belles nuits d’été, il contemple au firmament sombre la traînée lumineuse des constellations.

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Le berger de Frolois se retire, emportant les regrets, l’estime et la reconnaissance de toute la population. Il y a quelques années, le maire d’alors lui fit obtenir la médaille du travail. On la lui remit en grande pompe, un 14 juillet, avec accompagnement de discours.

Et le vieux berger est parti ; sa pittoresque silhouette n’apparaîtra plus dans les champs de Frolois. Constatons avec mélancolie son effacement dans le passé — pour toujours. — C. B.