ANTOINE, duc de Lorraine, fils de René II : né à Bar-le-Duc en (1487) ; prudent et sage, il sut conserver la Lorraine tranquille au milieu des chocs redoutables dont se frappaient la France et l’empire, et préserver la province des forces luthériennes, prêtes à fondre sur la contrée, en allant les vaincre en Alsace (*). Son retour fut un triomphe ; on lui prodigua le beau titre que le courage et l’honneur lui avaient mérité : de brave et franc chevalier, dont l’avait qualifié François 1er à la bataille de Marignan, où le duc Antoine s’était trouvé en 1507. Son règne fleurit dans une longue tranquillité ; on n‘entendit de cris que ceux qu‘ élevaient des voix reconnaissantes, à l’honneur du père de la patrie : les puissances voisines le regardaient comme le génie de la paix, n’ayant pas peu contribué à celle qui se fit à Nice, pour le bonheur de l’Europe, en 1537. Ce fut à cette époque qu‘Antoine fut salué du surnom de Bon, de prince de la paix : bien différent de ces titres qu’invente la flatterie, que répète la bassesse, mais que l’histoire efface ! Ce prince magnanime ne souffrit jamais qu’on sortit mécontent d’auprès de lui, et répétait souvent à son fils cette belle maxime de Blanche de Castille : « J’aimerais mieux vous voir mort que coupable d’un seul péché mortel. » Antoine, l’amour de son peuple, mourut en 1544, recommandant à ses enfants la religion, la justice et la paix, vertus desquelles sa vie servait d’exemple.
(*) Gerber (Erasme), de Molsheim, chef, qui ne savait pas lire, et qui commandait cent mille Luthériens, fut pris et pendu ; 1525. — C’est, comme on voit, au temps du duc Antoine que parut Luther, qui apporta de si grands changements dans les opinions religieuses, et même dans la politique. Sous lui encore, s'établit la 1èreimprimerie dans ses états ; — La température fut extraordinaire 4 ans avant la mort d’Antoine ; la chaleur et la sécheresse étaient prodigieuses : il resta si peu d’eau dans la Moselle à Metz, qu’elle devint verte et putride.
[BIOGRAPHIE HISTORIQUE ET GÉNÉALOGIQUE DES HOMMES MARQUANTS DE L’ANCIENNE PROVINCE DE LORRAINE, 1829. P. MICHEL, Juge de paix du canton de Vézelise]