BOUFFLERS (Stanislas, chevalier de), membre de l’assemblée constituante, de l’académie française et de celle de Berlin, etc. guerrier et poète avantageusement connu dans la république des lettres, par ses pièces fugitives, dont lerecueil, imprimé plusieurs fois, a été réuni en 8 vol. in-12, en 1815 ; M. de Boufflers est né à Lunéville en 1737, à la cour de Stanislas, l’ami de sa famille : il y fit connaissance avec Voltaire, dont la société développa ses talents et cette finesse de goût qui l’a placé à côté des Chaulieu et des Lafarre. D’abord destiné à l’état ecclésiastique, il quitta bientôt le petit collet pour prendre l’uniforme. Son nom rappellera toujours un des hommes qui, dans presque toute la moitié du siècle dernier et jusqu’à nos jours, ont le plus brillé par l’éclat, la finesse et l’originalité de l’esprit. Le sévère Laharpe et la dédaigneuse Mme du Deffant (*), ne purent même lui refuser leurs éloges, ordinairement si rares, et applaudirent de concert aux saillies originales, à la verve, à la gaîté qui animaient ses discours ; à ses aimables madrigaux, à ses poésies badines et à ses jolis contes. C’est le chevalier de Boufflers qui fit rendre, en 1791, le décret qui assure aux inventeurs la propriété de leurs découvertes, et leur accorde un brevet : on lui en doit un autre sur l'encouragement destiné aux arts utiles. Il est peu d’hommes qui aient autant voyagé que lui. Boufflers est mort à Paris en 1815 : ses cendres reposent auprès de celles de l'abbé Delille. Il fit, dit-on, pour lui l’épitaphe que voici :
Ci-gît un chevalier qui sans cesse courut ;
Qui sur les grands chemins naquit, vécut, mourut :
Pour prouver ce qu’a dit un sage,
Que notre vie est un voyage.
Cependant on a écrit sur sa tombe un mot qui est réellement de lui, et qui rappelle si bien l’aménité de ses mœurs et le calme de sa pensée : « Mes amis croyez que je dors ». En jetant des fleurs sur la tombe de son respectable ami et collègue, l’immortel de Ségur, il s’écria : « Pleurons sa perte, aimons son ombre, et ne perdons jamais son souvenir ». On a encore du chevalier de Boufflers un discours prononcé à l’académie royale des sciences de Nancy, en 1758, à sa réception dans cette société avec l’abbé Porquet.
(*) De coquette, cette marquise devint dévote. Dans sa dernière maladie, le curé de Saint-Sulpice vint la voir ; elle lui dit : « Monsieur le curé, vous allez surement être content de moi ; mais pour que je le sois de vous, faites-moi la grâce de trois choses : ni questions, ni raisons, ni sermons.
[BIOGRAPHIE HISTORIQUE ET GÉNÉALOGIQUE DES HOMMES MARQUANTS DE L'ANCIENNE PROVINCE DE LORRAINE, 1829. P. MICHEL, Juge de paix du canton de Vézelise]