FROLOIS (ACRENEIUM, AGREA, ACRAIGNE, ACRAIN, GUISE)

 

I. Lepage, Henri (1814-1887). Auteur du texte. Les communes de la Meurthe : journal historique des villes, bourgs, villages, hameaux et censes de ce département.

Un nommé Louis d'Acraigne (Ludovicus de Escraines) figure comme témoin, en 1179, dans une charte de Gérard, comte de Vaudémont, en faveur de l'abbaye de Clairlieu. En 1285, Béatrix, dame d'Acraigne (domina de Escraignes), et Gérard, son fils, approuvent la donation du moulin de Germiny, faite à la même abbaye par Ebalus d'Epinal. (Abbaye de Clairlieu.)

Le 14 mai 1532, Nicolas de Mercy et Bernardine, sa femme, vendent à Marguerite de Vaulx, veuve de Nicolas de Pfaffenhoffen, seigneur de Thelod, tout ce qui pouvait leur appartenir au lieu d'Acraignes et de Ceintrey, moyennant 2,000 fr.

Le 2 décembre 1536, Pierre de Pfaffenhoffen, chanoine de la cathédrale de Toul, reconnaît tenir en fief du Duc de Lorraine, à cause de son duché de Bar et ressort de la prévôté de Foug, les forte maison, terre et seigneurie d'Acraignes. (T. C. Foug.)

Le dernier janvier 1542, le Duc Antoine confirme l'acquisition faite par Jacob du Bourg d'une partie des seigneuries de Pulligny et d'Acraignes. (L. P. 1541-45.)

Le 20 novembre 1548, Wary de Lucy, seigneur de Dombasle et Acraignes, donne son dénombrement pour ce qu'il tient audit Acraignes et à Germiny, avec leurs appartenances et dépendances. (T. C. Foug.)

En 1553, Pierre de Pfaffenhoffen vend à Nicolas de Haraucourt la moitié de la seigneurie d'Acraignes. (L. P. 1553.)

Le 10 septembre 1568, Perrin de Haraucourt, seigneur de Chambley, bailli et capitaine de Hattonchâtel, reconnaît tenir en fief du duc de Lorraine, à cause de son château de Foug, tout ce qui lui appartient à cause d'Eve de Lucy, sa femme, au village d'Acraignes. (T. C. Foug.)

Le 7 septembre 1573, Jean de Beaufort, seigneur de Pulligny, grand veneur de Lorraine et Barrois, reconnaît également tenir du Duc Charles III une portion de la seigneurie d'Acraignes. Enfin, au mois de janvier 1574, Jean Berman, demeurant à Saint-Nicolas-du-Port, donne son dénombrement pour la moitié de la seigneurie dite de Boulach, au village d'Acraignes. (T. C. Foug 2.)

En 1720, le prince Anne-Marie-Joseph de Lorraine, prince de Guise et comte d'Harcourt, en faveur de qui le village d'Acraignes avait été érigé en comté, sous le nom de Guise, désirant réunir à ce comté diverses acquisitions qu'il avait faites, adressa, à cet effet, au Duc Léopold, une requête dans laquelle il expose, entr'autres raisons, qu'il a employé des sommes considérables à la construction et à l'embellissement du château de Guise et d'un auditoire pour rendre la justice audit lieu. Léopold, faisant droit à celte requête, donna, le 12 novembre 1720, des lettres patentes par lesquelles il unit et incorpore au comté de Guise les acquisitions faites par le prince Anne-Marie-Joseph dans les lieux de Pulligny, Ceintrey, Voinémont et autres ; détache et distrait la « ville », le château de Guise et leurs dépendances, de la juridiction de la Chambre des Comptes de Bar et les met sous le ressort de la Chambre des Comptes de Lorraine, etc.

Le 4 janvier 1777, François-Gabriel-Florent Comte de Ludres et d'Affrique, Marquis de Frolois, premier gentilhomme de la chambre du feu roi de Pologne, etc., fait foi et hommage pour le Marquisat de Frolois, ci-devant Comté de Guise, acquis par ses père et mère des héritiers des princes de Guise, par contrat du 19 juillet 1752. " La ville de Frolois, est-il dit dans l'acte de reprises, avant d'être illustrée et décorée des titres de comté et de marquisat, était, sous la dénomination d'Acraignes, une terre et seigneurie avec tous les droits de haute, moyenne, basse et foncière justice, ayant le seigneur d'icelle pouvoir de créer tous les officiers nécessaires pour l'exercice de la même justice, lesquels connaissaient (comme aujourd'hui) de toutes actions réelles, mixtes, personnelles, civiles et criminelles sur tous les sujets demeurant audit lieu et sur les forains, pour crimes commis sur le territoire de ladite seigneurie ; ayant aussi prisons, carcans, piloris et signe patibulaire pour y punir les délinquants  …

 "A Frolois, il y a deux châteaux qui sont maisons de fief, maisons franches, avec tous les bâtiments, bosquets, fossés, jardins, colombiers, etc. ; et un auditoire pour l'exercice de la justice, lequel est dans la ville et séparé des maisons de fief…

 

" La taille des sujets arrentés est une taille à volonté sur les sujets de Frolois, s'ils ne se sont fait abonner pour un prix préfixé …

" Il y a des maisons qui doivent un cens appelé droitures, qui est de 9 quartes de blé et de 56 quartes d'avoine et une poule, la quarte équivalant à un pot … 

" M’appartient le premier banc de l'église de Frolois, devant la chapelle Saint-Joseph, lequel a toujours été occupé par mes amodiateurs.... 

" Tous les habitants me doivent annuellement 5 francs barrois pour droit de four, et les veuves seulement moitié.

" Tous les étrangers qui chargent du vin dans la ville de Frolois me doivent pour un char 8 deniers, et 4 pour chaque charrette.

" M'appartient le droit d'admodier les jeux de quilles.

" Les nouveaux entrants me doivent, pour droit d'entrée, 20 francs et autant à la communauté....

" M'appartient le droit de prélation, qui consiste à prendre, un jour avant la communauté, à chaque récolte, savoir, à la fenaison, à la moisson et à la vendange....

" J'ai à Frolois un moulin où les sujets dudit lieu sont bannaux ; ils le sont aussi à mon moulin de Xeuilley, et ils ont la liberté de faire moudre leurs grains à celui de ces moulins qu'ils jugent à propos.... "

Par acte passé sous le scel de l'Official de Toul, le 4 mai 1425, Mille ou Milon de Neives, seigneur de Sorcy et de Boucq, avait donné au chapitre de la collégiale Saint-Georges de Nancy tout le droit de patronage de l'église paroissiale d'Acraignes, pour en jouir, par lesdits chanoines de Saint-Georges, comme vrais propriétaires, à charge par eux de célébrer annuellement et à perpétuité deux services pour le donateur et pour ses ancêtres.

Le 6 des ides de mars 1426, le pape Martin V adressa au doyen de l'église Saint-Gengoult de Toul une bulle portant commission d'unir la cure d'Acraignes au chapitre de Saint-Georges, après avoir pris toutes les informations nécessaires en semblables cas. Une autre bulle, datée du 8 des kalendes de juin 1427, confirma l'union à la mense capitulaire de Saint-Georges, de l'église paroissiale d'Acraignes (ecclesiœ parochialis de Atiengneis) et des revenus de cette église, à charge par le chapitre d'acquitter les droits épiscopaux et.de payer la portion congrue du vicaire qu'il chargerait de desservir la cure.

Cette union, ainsi que celle de l'église de Séchamp, fut encore confirmée par Léon X, à la prière du Duc Antoine, le 14 des kalendes de décembre de l'année 1513.

On voit, par plusieurs titres du XVIIème et du XVIIIème siècles, qu'aux jour de fêtes solennelles, le chapitre de Saint-Georges, en qualité de curé primitif, envoyait un de ses membres officier dans l'église d'Acraignes.

Les dames Prêcheresses de Nancy possédaient une part dans les grosses et menues dîmes de ce village, ensuite de la donation qui leur en avait été faite, le 11 août 1455, par Catherine d’Herbéviller, veuve de messire Renaut de Nancy. (Coll. St.-G. et P.)

On lit dans l'Etat du temporel des paroisses (1709) : " La communauté du village d'Acraignes est composée d'environ 120 habitants. La seigneurie en toute haute justice, moyenne et basse, appartient à M. le marquis de Bissy, colonel de cavalerie pour le service du roi très-chrétien. Il crée les officiers qui exercent la juridiction, et par-devant lesquels sont portées toutes les causes en première instance ; elles ressortissent par appel au bailliage de Saint-Mihiel, comme étant Acraignes Barrois non mouvant.

" Il y a la chapelle de l'Annonciation Notre-Dame, attenant à l'église paroissiale, du côté de l'Evangile ; elle existait dès l'an 1605. Collateurs : les descendants du sieur Claudin, fondateur. "

En 1768, Frolois comptait 210 feux et 509 communiants. (P.)

Frolois a été érigé en succursale en 1802.

Patron, saint Martin.


II. ACRAIN. — Acraigne ou Acrain, Acrania,

Village sur la Moselle, ayant titre de comté, à trois lieues de Nancy, entre le Madon et la Moselle, a été érigé en comté, et a pris le nom de Guise, en faveur du prince Joseph de Lorraine, comte d’Harcourt, par patentes du 19 janvier 1718, données par le duc Léopold.

Il est parlé d'Acrain sous le nom d’Agrea, dans un titre de confirmation des biens du prieuré de Flavigni, en 1213.

« Dederunt quoque Navem et Piscatorem in agréa plenariè »

M. le prince de Guise a fait réparer le château d'Acraigne, et y a fait des embellissemens.

M. le comte de Ludre tient actuellement cette terre.

La paroisse de ce lieu à pour patron St. Martin. Le chapitre de la primatiale, ci-devant celui de St. George de Nancy, apparemment à cause du prieuré de Saint Thiébaut, qui est uni à ce chapitre,  nomme à la cure, et est décimateur pour un tiers dans les grosses et menues dimes, chargé de la pension du curé ; un autre tiers de la dime appartient au titulaire de la haute chapelle de Puligny, et l'autre tiers se partage entre le seigneur du lieu, et les dames précheresses de Nancy. La seigneurie a été possédée longtemps par la maison d'Haraucourt. Elle la possédait encore en 1625. Elle passa ensuite dans celle de Bissy.

Dans la paroisse, se voit la chapelle de l’Annonciation, fondée par Claudin Notaire, et Marguerite sa femme. Patrons, les descendans desdits fondateurs.

Acraigne est communément nommé dans les anciens titres Acregnes  (Archives de Lorr., Lay., coll. Chaligny) Vichard d'Acregnes, écuyer, et Jeanne sa femme, déclarent avoir engagé à noble seigneur Henri comte de Vaudémont, et à Isabelle sa femme, la quatrième partie du pontenage du pont Saint Vincent, sauf le droit qui peut échoir de la dame Béatrix, mère dudit Vichard, après son décès, pour une somme de trente livres de bons toulois. Ledit Vichard s'engage en outre, de desservir le fief et hommage de ladite engagère envers ledit comte, de même que s'il tenait ledit héritage. L'acte est du mercredi après les octaves de là Trinité 1314.

Perrin de Haraucourt, seigneur de Chambly, Magnières, Bayon, Gremilly et Létricourt en partie, baillif de Hatton-Chatel, fit ses reprises en 1568, de ce qui lui appartenait à cause de sa femme Eve de Lucy, au village d’Acregnes, à elle échu par le trépas de Vary de Lucy, sieur de Dombasle. Ces lettres sont scellées du sceau de Louis de Lucy.

En 1573, le 7 septembre, Jean de Beaufort, seigneur de Puligny et Ceintrey, et en partie d’Acraigne, grand veneur de Lorraine et Barrois, reconnaît tenir du duc de Lorraine une partie de la seigneurie d'Acraigne (Ibidem. Layette, Foug, etc.). Le 15 décembre même année, Henri de Joinville, écuyer, donne son dénombrement pour la portion du fief qu'il possède audit Acraigne, en 1572. Jean Berman, demeurant à Saint-Nicolas-de-Port, reprend la moitié de la seigneurie appelée Boulac, au lieu d’Acraignes, partageant avec Jean de Beaufort, à lui échue par la mort de Jacques du Bourg son beau-père, et par donation à lui faite, par dame Béatrix du Bourg sa femme.

Nicolas de Neuflotte, fait ses reprises le 25 octobre 1576, de la portion de seigneurie qu'il tient à Acraigne, dite la seigneurie de Bassompierre, partageable avec les seigneurs de Bassompierre et de Haraucourt, laquelle portion il avait acquise de, Valentin de Lundre, seigneur de Morthon.

En 1612, Alexandre d'Aurillot, écuyer, rend ses foi  et hommage au nom de Claude Berman sa femme, pour la part qu'il tient en la seigneurie d'Acraigne.

La même année, le 18 mai, Philippe Otho, comte sauvage du Rhin et de Salm, baron de Fénétrange, donne son dénombrement au nom et comme administrateur de l'hoirie et succession universelle de Frédéric aussi comte sauvage du Rhin et de Salm, de tout ce qu'il a au ban et finage d’Acraigne, tant de la seigneurie dite ancienne, que d'une autre dite de Boulac et de Passagard, nuement à lui appartenantes , qui sont les deux sixièmes en la totalité des seigneuries dudit Acraigne, et d'une autre appelée Passagard , encore à lui appartenante , pour les trois quarts indivis , avec l'autre quart  appartenant à M. le marquis d'Avrey, qui fait aussi le sixième en la totalité desdites seigneuries mouvantes en fief des château et chatellenie de Foug.

En 1625, le 3 juillet , autre dénombrement donné par Elisée de Haraucourt, baron de Faulquemont, seigneur d'Acraigne , etc., à Charles et Nicole, duc et duchesse de Lorraine : pour la seigneurie d’Acraigne. Autre, de Charles de Haraucourt marquis de Faulquemont, baron de Lorquin, donné en 1661, de la même seigneurie.


III. Le département de la Meurthe, statistique historique et administrative, (2e partie), par Henri Lepage, publication de 1843.

Frolois, village considérable de l'ancien duché de Lorraine, dans une plaine élevée, à droite du Madon, à 20 kilomètres au sud de Nancy, chef-lieu de l'arrondissement, 12 au nord de Vézelise, chef-lieu du canton.

  • Population : 808 habitants, 80 électeurs censitaires, 12 conseillers municipaux, 240 feux.
  • Nombre d'enfants (qui fréquentent les écoles) : 165 en hiver, 102 en été. Sœur de la Doctrine-Chrétienne.
  • Surface territoire : 540 hectares en terres labourables, 80 en prés, 160 en vignes. L'hectare semé en blé et seigle peut rapporter 17 hectolitres, en orge 15, en avoine 14 hectolitres 50 litres ; planté en vignes 112 hectolitres 50 litres. Chevaux et brebis. Moulin à grains. Lettres par Vézelise.
  • Ancienne population : 1710, 138 habitants, 33 garçons ; 1802, 657 habitants, 179 feux ; 1822, 733 habitants, 196 feux.
  • Anciennes divisions : 1710, prévôté de Foug, bailliage de St-Mihiel ; 1751, bailliage, maîtrise et généralité de Nancy, coutumes de St-Mihiel ; 1790, canton de Pulligny, district de Vézelise. Circonscription ecclésiastique : Doyenné du Saintois, diocèse de Toul ; 1778, évêché de Nancy.

 

Le village de Frolois date d'une époque assez éloignée : il en est parlé, sous le nom d'Agrea, dans un titre de confirmation des biens du prieuré de Flavigny, en 1213. Antoine, Comte de Vaudémont, le donna à Guérard de Pfaffenhove, en récompense des services que ce seigneur lui avait rendus. La terre de Frolois, appelée alors Acraigne, fut possédée, ou à la fois, ou successivement, par un grand nombre de maîtres, parmi lesquels : Pierre de Pfaffenhove, chanoine de Toul, en 1536 ; Warry de Lucy, seigneur de Dombasle, en 1548 ; Perrin de Haraucourt, seigneur de Chambley ; Jean de Beaufort , seigneur de Pulligny et Ceintrey, en 1573 ; Henri de Sainville, la même année ; Paul, comte de Salm, baron de Fénétrange , en 1574 ; Nicolas de Neuflotte, en 1576, pour la partie d'Acraigne dite la seigneurie de Bassompierre ; Alexandre Aurillot, en 1612 ; la même année, Philippe Otto, comte sauvage du Rhin et de Salm, pour les seigneuries de Boulach et de Passagard ; Diane de Dammartin et Elisée de Haraucourt, en 1613 ; enfin, Charles de Haraucourt, en 1661.

En 1718, Léopold érigea cette terre en Comté en faveur d’Anne-Marie-Joseph de Lorraine-Harcourt, prince de Guise, qui lui donna son nom ; elle fut distraite, à cette époque, de la prévôté de Foug. Guise ayant été acquis par la maison de Ludres, Stanislas, par lettres-patentes du 20 mars 1757, éteignit le nom de Guise et érigea cette seigneurie en Marquisat ayant prévôté bailliagère, sous le nom de Frolois, en faveur de Charles-Louis, comte de Ludres et d'Afrique, Marquis de Bayon, seigneur de Richardménil, Guise et autres lieux, l'un de ses chambellans. Le marquisat de Frolois fut substitué à perpétuité à l'aîné mâle de la Maison de Ludres. Frolois portait les armes de cette noble et ancienne maison : bandé d'or et d'azur de six pièces, à la bordure engrelée de gueules. Il y avait un vieux château dont les dépendances et les avenues s'étendaient jusqu'à la Moselle. On en voit encore aujourd'hui les restes ; mais les dépendances ont été transformées en bâtiments d'exploitation et en habitations. Après la révolution, cette commune avait repris son nom primitif d'Acraigne.

Frolois était le seul village du bailliage de Nancy soumis à la coutume de St-Mihiel.

Jean Baptiste BREQUINHomme marquant :

Jean-Baptiste Brequin, savant ingénieur, naquit à Frolois, le 10 août 1712. Il s'attacha au Marquis de Beauvau-Fléville en 1736, et le suivit en Prusse quatre années plus tard. Il se retira ensuite auprès du Prince Charles de Lorraine et fut, en 1747, capitaine des ingénieurs à Vienne. Il enseigna les mathématiques auprès de l'Archiduc Joseph qui fut depuis empereur ; Brequin trouva un secret pour mettre le bois de construction à l'abri du feu.